Retour vers le Futur : que valent les Grands Crus 30 ans après ?

Posté sur20/10/2015 19279
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Retour vers le Futur : que valent les Grands Crus 30 ans après ?

En 1989 Retour vers le Futur 2 sortait dans les salles avec beaucoup de succès (3 millions d’entrées en France !). Au début du film, Marty McFly, tout juste de retour en 1985, s’envole avec sa compagne Jennifer et son ami Doc à bord de la DeLorean pour faire un voyage dans le futur, le mercredi 21 octobre 2015 précisément, soit 30ans après. Le film y hérisse un avenir futuriste avec des voitures volantes, des overboards (sorte de skateboard volant), mais pas de smartphone !

Et si vous emportiez quelques bouteilles de Grands Crus dans la DeLorean ?

Ce serait une excellente idée ! En effet, les Grands Crus de Bourgogne et de Bordeaux ont connu une formidable ascension tarifaire ces 30 dernières années ! L’augmentation moyenne des vins des Premiers Crus classés de Bordeaux à augmenter de plus de 700% en 30 ans, quand l’inflation cumulée atteint 76% en France pour cette même période, soit un rendement 10 fois supérieur. Même la bourse n’a pas connu une telle envolée : le CAC40 est passé de 1000 points en 1985 à 4600 aujourd’hui.

En plus d’être un formidable placement financier, imaginez si Marty achetait en 1985 des belles bouteilles, par exemple du Petrus de 1982, il pourrait voyager dans le futur de temps en temps pour les ouvrir et se faire (très) plaisir!

Pourquoi les Grands Crus ont connu une telle augmentation des prix?

La spectaculaire envolée des prix des 30 dernières années est liée à plusieurs facteurs et à différentes époques.

Tout d’abord, l’ouverture de la Chine à partir de 1976 après la mort de Mao Zedong, l’éclatement de l’URSS en 1989, et la montée en puissance des pays émergents a fait naitre une population de nouveaux riches avides de dépenser leur argent dans le domaine du luxe qui leur était inaccessible et inconnu auparavant. Le vin représente le raffinement et le savoir-vivre des pays occidentaux, il est donc normal qu’un certain mimétisme ait eu lieu chez ces nouvelles grandes fortunes. La consommation de vin est devenue une habitude et la recherche des meilleures bouteilles est une manière de se distinguer.

Cette montée en puissance de la demande de vins prestigieux a généré une spéculation effrénée à partir de la fin des années 90 jusqu’à aujourd’hui. Les grands vins se vendant comme des petits pains en dehors de France, les grands domaines n’ont pas hésité à augmenter leur prix. Mais c’est aussi les négociants et spéculateurs en tous genres qui ont largement participé à cette spéculation. Citons par exemple les prestigieux vins du domaine de La Romanée-Conti : sur allocation, les vins sont vendus à des gens de confiance au prix de 1716€ (pour le millésime 2011), ils valent facilement le triple dès les grilles du domaine franchies !

La météo et l’effet millésime sont aussi des facteurs importants dans cette montée des prix. Après un millésime 2005 « spectaculaire » qui a fait flamber les prix, les beaux millésimes 2009 et 2010 ont fini d’achever cette envolée tarifaire chez les Grands Crus bordelais.

Mais depuis 2010, ce sont surtout les vins de Bourgogne qui poursuivent cette augmentation en raison d’une météo difficile en 2011/2012/2013 qui a fait diminuer les rendements (variable selon l'appellation) chez tous les producteurs.

Faut-il acheter des Grands Crus aujourd’hui ?

Les Grands Crus ont clairement atteint un sommet qui est difficile de franchir aujourd’hui. Aymeric Chauveau, fondateur de VIGNAPART, estime « que la bulle spéculative qui touche les Grands Crus est à son apogée. On constate déjà une baisse des prix des ventes en primeurs depuis 2-3 ans. Cette envolée des prix a poussé les consommateurs à rechercher des vins situés sur d’autres appellations moins prestigieuses qui font aujourd’hui des vins remarquables. En Bourgogne, 2014 et surtout 2015 sont des bons millésimes avec une bonne récolte qui vont pouvoir satisfaire la demande et limiter la spéculation. Je pense que les prix vont stagner pendant les prochaines années ».

Acheter des grands vins aujourd’hui en vue de les revendre dans le futur n’est certainement pas le placement financier le plus rentable. Et à moins d’avoir la DeLorean de Retour vers le Futur, il est peu probable de retrouver le rendement des 30 dernières années. Il vaut mieux se diriger vers des appellations montantes, des vignerons en devenir, ou peut-être vers les Sauternes qui sont boudés aujourd’hui par les consommateurs, pour espérer obtenir une plus-value importante. Aussi une cave se transmet facilement à la génération suivante et peut donc porter un intérêt pour la succession.

Le vin est avant tout un produit de plaisir, alors le mieux est encore de le boire !

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